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Intelligence collective et créativitéCréativité ? Et si finalement, cela parlait de nous ? - Yumany

14 avril 2021

 « Et si nous lancions un comprimé avec une nouvelle appétence » lance Sophie                                         « Oui mais on a déjà tout essayé » lui rétorque Georges….                                                                         « Et notre nouvelle molécule ? »                                                                                                           « Oui mais ce sera trop allergène, les clients vont prendre peur »                                                               « Ou alors on change de forme galénique…. »                                                                                         « Oui mais…. »

 

Combien de temps pourrait durer ce jeu de ping-pong selon vous ?                                        Combien de fois avons-nous participé ou été témoin de ce genre de situations ?

 

Le oui mais…

Une personne lance une idée et son interlocuteur se lance dans une opposition pour rejeter son idée ou la minimiser.

 

Tue-l’idée radical !

En effet, qui aurait envie de poursuivre à proposer des idées qui seraient contre carrées, jugées, critiquées ou minimisées ?

Assez vite, la créativité s’épuise, le réservoir se vide et l’envie s’envole… voire la situation bascule dans un jeu psychologique.

Il est probable qu’avec un comportement persistant comme celui de Georges, Sophie finisse par se taire, se mettre en retrait de la séance de travail en ne proposant plus d’idées….

Le fameux Georges pourrait bien trouver au final que Sophie n’est décidément pas très créative…. Ou que finalement, en groupe, les idées ne sont pas très riches car beaucoup de gens n’osent pas s’exprimer.

 

Alors que faire ?

Les réponses, comme souvent, se trouvent à plusieurs niveaux.

 

1/ Poser de le cadre de fonctionnement

En effet, dans un groupe mais aussi dans une relation à 2, définir des règles de fonctionnement donne au processus de travail confort et sécurité.

Il permet à chacun de connaître l’état d’esprit dans lequel nous travaillons, de donner des repères sur ce qui est attendu et de focaliser chacun vers les comportements adaptés.

Ainsi, lors de séances de créativité, plusieurs techniques peuvent être utilisées.

La technique du CQFD (suspension de la Critique, Quantité d’idées, idées Farfelues bienvenues, Démultiplication des idées) est un exemple facile à mémoriser avant de se lancer une session de production d’idées.

Se mettre d’accord avec ses interlocuteurs en démarrage de processus de travail sur ces règles apporte confort et confiance.

 

2/ « Confronter » le non-respect du cadre

Le cadre a cette vertu qu’il permet de « confronter » de manière « tranquille » celui ou celle qui se mettrait en décalage par rapport à ce qui a été défini comme mode de fonctionnement….

Par exemple, si quelqu’un se lance dans un oui mais, à devenir critique sur les idées des autres, l’animateur ou chaque membre garant du cadre peut renvoyer à l’autre ce qu’il est en train de faire de manière, probablement réflexe ou non consciente.

Pour rendre la confrontation légère, j’utilise par exemple une clochette que les membres du groupe ou moi faisons sonner quand l’un de nous se met à être en non-respect du cadre défini. 

L’idée est de souligner, stopper le processus sans en faire un drame !

 

3/ Apprendre à pratiquer l’avocat de l’ange

L’avocat de l’ange, par opposition à l’avocat du diable, est une technique créative qui amène chacun à dire ce qu’il aime dans l’idée qui vient d’être produite

Que l’on aime ou pas l’idée dans sa totalité, que l’on choisisse de la retenir ou pas, peu importe. 

L’objectif est de souligner ce que cette idée a de bien.

L’avocat de l’ange permet de renvoyer de la reconnaissance authentique à celui qui vient de produire l’idée, de stimuler l’énergie de production et de démultiplication de nouvelles idées.

Cette technique est assez simple à comprendre et demande parfois des efforts de concentration pour lutter contre sa tendance naturelle à critiquer et apprise tout au long de sa vie…. 

Je ne développerai pas la manière dont notre système éducatif est construit mais il est à reconnaître que nous apprenons plus à avoir un regard critique qu’un regard d’acceptation inconditionnelle.

Et changer de posture, cela s’apprend.

 

4/ Travailler ce qui nous concerne

Rechercher les solutions au niveau du processus relationnel est sinon intéressant, primordial.

Pourquoi se fait-il que je persiste à proposer des idées alors que je reçois contre argument sur contre argument ? Pourquoi est-ce que je m’acharne à mettre en place des comportements qui ne marchent pas ?

Qu’est-ce que cela nourrit en moi ?

Un besoin de pouvoir me plaindre ? De me positionner en victime ? 

Pourquoi se fait-il que je m’oppose tellement fréquemment aux idées des autres ?

Un besoin de reconnaissance ? Un besoin de racketter de l’attention ? Une crainte d’être débordé(e) ? 

Au fond, quel est mon objectif quand je critique systématiquement ? 

Alors bien sûr, sans « psychologiser » de manière excessive, il est toutefois nécessaire d’admettre que nous sommes tous mus par des besoins psychologiques, qui nous amènent à nous comporter de tel ou tel manière pour les assouvir.

L’Analyse Transactionnelle* parle d’ailleurs de soifs….soifs de stimulation (comment nous trouvons des stimulations pour nous développer), de reconnaissance (comment nous trouvons la reconnaissance des autres) et de structure (comment nous structurons notre temps et nous nous donnons des repères pour créer notre sécurité).

De manière consciente ou inconsciente, de manière intentionnelle et authentique, ou de manière détournée et parfois pernicieuse, nous allons mettre en place notre propre système pour nourrir ces soifs.

Alors évidemment, tout cela est en jeu dans nos processus de travail et les relations que nous mettons en place.

*L’Analyse Transactionnelle est une théorie de la personnalité et de la communication, créée par Eric Berne, médecin psychiatre canadien.

 

Créativité ? Et si finalement, cela parlait de nous ?

 

Plusieurs « systèmes d’assouvissement des soifs » se rencontrent…                                                      Quand ceux-ci sont complémentaires ou compatibles, cela fonctionne de manière fluide.                            Quand ceux-ci commencent à toucher nos propres fragilités, alors cela se complique.                                  De plus, passée la phase de « honey moon », dans laquelle on apprend à se connaître, on projette sur l’autre la part de lumière qui est la sienne et l’on minimise la part d’ombre, tout va bien.                              Plus on avance, moins cela tient…                                                                                                            Et c’est alors que l’on reconnaît la force des collectifs ou des relations, qui arrivent à dépasser ces ombres, à traverser les phases de crises pour renforcer les compréhensions mutuelles et la confiance.                            Et c’est là, que la créativité est à son paroxysme.

 

Alors, il est de notre devoir en tant qu’humain, pour le bien du collectif de mettre en conscience ce qu’il se passe pour nous.                                                                                                                      S’observer, se regarder faire, observer les autres, éviter de rentrer dans des amorces de jeu…                  Grandir d’un point de vue relationnel, affiner notre conscience de nous-même, pour être dans l’acceptation des autres, de leurs différences, de leurs idées est un chemin de vie.                                                        C’est à ce prix que nous stimulerons notre créativité et que nous permettrons au collectif de croître et embellir.

 

 

 

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